Question de Julie
D’abord, un gros merci pour ce site et pour votre dévouement!
Je voulais savoir s’il était pertinent de travailler les structures syllabiques avec des non-mots. Je comprends qu’il est plus fonctionnel de travailler avec des mots. Par contre, quand il s’agit de se construire une banque de mots par type de structure et selon les sons qui sont déjà acquis par l’enfant…je trouve cela un peu compliqué. J’aimerais connaître votre opinion.
Également, je travaille avec un jeune enfant, 2 ans et demi, qui a une hypothèse de dyspraxie verbale. Un de mes objectifs est de travailler le son [f] dans des mots ayant des structures syllabiques différentes et dans des petites expressions fonctionnelles. Par contre, durant les activités, l’enfant surgénéralise le son, et met des « f » dans des mots qui n’en contiennent pas et qui d’habitude sont bien produits. Aussi, il est difficile d’introduire d’autres sons puisqu’il devient mélangé (ainsi, je ne travaille que le « f » et la précision des voyelles). Je crois que ça fait partie du processus d’apprentissage? Mais j’ai de la difficulté à le « corriger », et à lui faire comprendre que le son « f » ne se retrouve pas dans tous les mots. J’espère que je m’exprime clairement. Je sais qu’il est très jeune, mais qu’en pensez-vous?
Merci,
Julie
Réponse de Line Charron
Bonsoir Julie … j’imagine que vous êtes orthophoniste ?!
Alors ce que j’aurais tendance à te suggérer c‘est de ne pas te limiter qu’aux mots comportant les phonèmes acquis par l’enfant. Tu peux accepter les productions « approximatives » qui tiennent compte des patrons d’erreurs de l’enfant par exemple si ton objectif est le [f] en position initiale de bisyllabes tu pourrais prendre des mots comme « fini- famille- foulard- photo-fâché » etc … si par exemple cet enfant ne produit pas de consonnes en position finale de mots tu peux accepter « foula » pour foulard – « fami »pour famille ou encore s’il produit le son [t] pour « ch » tu pourrais accepter « fâté » pour « fâché ».
Tu peux utiliser des non-mots davantage pour un travail sur la ‘flexibilité’ pour l’amener à développer ses habiletés motrices pour passer d’une syllabe à l’autre … ex fa + autre phonème(s) cible(s) en bisyllabes selon ton objectif.
CONCERNANT LA SURGÉNÉRALISATION … je te dirais que c’est féquent chez les enfants présentant des dyspraxies. Il faut dans ces cas demeurer prudente sur l’introduction de nouveau phonèmes. Prends ton temps pour en ajouter de nouveaux et assures-toi qu’ils sont bien consolider avant d’en ajouter d’autres.
Tu pourrais vérifier et faire si besoin des activités d’identification de contrastes entre les sons qu’il mélange pour t’assurer qu’il distingue bien les contrastes des sons cibles et aussi pour améliorer sa conscience phonologique afin qu’il anticipe des changements articulatoires.
Le travail en parole simultanée…en flexibilité (sous forme de jeu) pourraient aider…aussi dans le but de faciliter les changements articulatoires.
Autre idée…utilise une parole un peu ralentie lorsque tu veux qu’il t’imite, cela lui permettra de faire les mouvements plus lentement et de mieux contrôler et anticiper aussi les changements articulatoires de sa parole et peut-être ainsi faire moins de processus ‘d’harmonisation’ si commun dans les tableaux de dyspraxies verbales.
Voici donc quelques idées que je souhaite aidantes,
Ne te gênes pas si tu as besoin de plus de détails…
cordialement,
line