Le 21 mars 2012 à 11 h 55 min, Annie P. a dit : Modifier
Bonjour,
Mon fils, qui aura 4 ans en juin, est sur le point d’être diagnostiqué avec une dyspraxie verbale, mais je sens des hésitations chez l’orthophoniste.
Il est suivi en orthophonie depuis qu’il a 3 ans (il voit une orthophoniste à l’hôpital pour enfants pour des blocs de 8 semaines suivis de 3 mois de pause, et nous voyons une orthophoniste au privé durant ces pauses de 3 mois). À 3 ans, notre fils avait un vocabulaire de moins de 50 mots. À 3 ans 3 mois, son vocabulaire était de 180 mots et il combinait 2 mots. En janvier, l’orthophoniste de l’hôpital a commencé à nous parler de dyspraxie verbale. Il babillait peu enfant, a souffert de reflux gastrique pendant 1 ans et présentait jusqu’à tout récemment une hyper sensibilité au niveau de la bouche (partie maintenant). Le reste de son développement était normal et il ne semble pas avoir d’autre atteinte motrice. Une évaluation psychologique a démontré un écart de 43 point entre son raisonnement verbal (expressif très faible, réceptif dans la moyenne inférieure) et son raisonnement non verbal (très supérieur à la moyenne).
Maintenant à 3 ans 9 mois, il fait des phrases de style télégraphique de 3-4 mots avec des verbes à l’infinitif, aucun pronom ni article. Il arrive qu’il soit difficile à comprendre puisqu’il omet des syllables ou ne prononce pas bien certaines. L’orthophoniste qu’il voit au privé depuis février nous dit qu’il présente plusieurs éléments de dyspraxie verbale: Il omet la consonne finale de certains mots (ex. banane est dit « bana »), il effectue de la réduction syllabique, change les voyelles/consonnes dans certains mots (prononce « s » comme « ch » apr exemple). Étonnament nous constatons que depuis février, il fait de plus en plus d’erreur de prononciation comme ajouter des « t » (lat-pin pour lapin, chanton pour chanson par exemple). 1- Je me demande si le fait de changer d’orthophoniste peut avoir eu une effet et 2- si les indications sont suffiSantes pour parler de dyspraxie verbale ou si un autre trouble du langage devrais être considéré. Je crois qu’il est un peu tard, à presque 4 ans, pour parler de simple retard de langage.
Merci beaucoup!
Annie
Bonjour Annie, tout d’abord je vois que vous connaissez bien le développement de votre fils. Effectivement avec ce que vous décrivez, son développement apparaît atypique et ne suis pas, même avec un délai, un développement qui semble typique. Je suis certaine que vos orthophonistes traitantes vous ont bien renseigné à ce sujet. Vous ne parlez pas de sa compréhension mais si je ne me fie qu’à votre description, le développement de sa parole est clairement affecté et entrave ou s’ajoutent à des difficultés sur le plan des phrases (morphosyntaxe). Faire des phrases exige que l’on maîtrise le système de production des sons car pour construire des énoncés il faut produire plusieurs combinaisons de syllabes, maîtriser la prosodie et un rythme propre. Plus il y a de mots, de combinaisons de syllabes à faire plus c’est ardue pour l’enfant présentant une dyspraxie verbale.
Concernant votre 2e question sur le diagnostic, je ne peux malheureusement y répondre.Votre orthophoniste pourrait partiellement y répondre. Vous retrouverez dans certains textes précédents et dans l’article de Glossa mis en référence dans la section ressource certains indicateurs de dyspraxie verbale. Le défi diagnostique est grand et parfois difficile à faire. Il faut parfois attendre de voir l’évolution pour se prononcer. Certaines atteintes praxiques sont plus sévères que d’autres, mais une fois le système d’apprentissage moteur des sons enclenché, les enfants font des progrès selon leurs capacités. On peut alors ‘à postériori’ faire l’hypothèse d’une atteinte neurologique moins grande quand les progrès sont plus rapide. Il est clair que l’intervention permet l’enclenchement plus rapide des processus d’apprentissage moteur dans le cas d’une DV
Concernant votre première question, non je ne pense pas que le fait d’avoir 2 orthophonistes soit en cause en autant que l’approche utilisée soit une approche appropriée pour la dyspraxie verbale s’il en présente une. Votre fils a maintenant plus de sons qu’il est capable de produire mais le défi (si il présente une DV) c’est de tous les combiner. Cela exige plus de coordination motrice. Il a plus de combinaisons à maîtriser et le nombre d’erreurs peut augmenter …c est comme jongler avec 5 balles plutôt que que 2. Le type d’erreurs que vous décrivez est commun chez l’enfant présentant un trouble des sons de la parole.
J’espère avoir répondu même partiellement à vos questions et surtout ne vous gênez pas de poser vos questions à votre orthophoniste!
Line Charron 🙂